Natation
Des observations ont été réalisées à Montréal par
des profs d’EPS :
- observation de
l’activité : comment aller le plus vite possible ?
- retombées
pédagogiques ?
Donc comment les élèves répondent à cette exigence
(d’aller le plus vite possible) ?
Le moteur essentiel d’un nageur est constitué par le train supérieur ; les jambes jouent un rôle équilibrateur. L’amplitude est un facteur déterminant de la performance et un critère de comparaison des nageurs.
Hypothèses :
1) Lorsqu’un nageur réalise sa
meilleure performance, il fait un minimum de mouvements de bras.
2) Le meilleur nageur d’une
épreuve est celui qui a l’amplitude maximale.
3) Pour un même nageur,
l’amplitude augmente quand la distance augmente.
Les moyens pour répondre à ces hypothèses sont les observations visuelles directes :
1) Nombre de coups de bras pour
calculer fréquence et amplitude
2) Comparaison entre toutes les
données recueillies
- meilleurs nageurs entre hier
et aujourd’hui
- le même nageur hier et
aujourd’hui
- le meilleur et le moins bon
dans une même épreuve
- les meilleurs dans chaque
épreuve suivant la distance et le mode de nage
- le même nageur de la série à
la finale
- le même nageur à l’intérieur
de la course
- différence homme/femme
1°)
Comparaison historique
|
Dernier 50m n (=CB) |
F |
Rome
1960 : DEVITT 55 ‘’2 Munich
1972 : SPITZ 51’’22 Montréal
1976 : MONTGOMERY 49’’99 |
64 |
135 |
Evolution de 64 à 40 coups de bras : donc
l’amplitude augmente.
Le progrès historique de la natation va vers une
plus grande amplitude, alors que la fréquence diminue.
2°)
La même nageuse à CALI et à MONTREAL : K. ENDER 200m NL
On constate une augmentation de l’amplitude et une diminution de la fréquence (ainsi qu’une meilleure performance).
|
100m |
150m |
200m |
|||
n |
F |
n |
F |
n |
F |
|
Cali 2’02’’69 Montréal 1’59’’26 |
44 41 |
86 79 |
44 41 |
82 77 |
52 48 |
97 92 |
3°) Comparaison
« les meilleurs » et « les moins bons »
Analyse sur un 400m 4N
|
Total n |
F moyenne |
FURNIS
4’27’’76 |
345 |
77 |
HARGITAY 4’27’’13 |
365 |
82 |
BOTHELO 5’11’’48 |
435 |
84 |
Le moins bon a une moins grande amplitude et une
plus grande fréquence.
Nous arrivons à la même conclusion sur un relais 4 X
4N, et sur toutes les nages.
4°)
Comparaison suivant les distances
L’analyse se fait sur des données du 100 au 1500m
pour un même nageur et une même nageuse. Pour une épreuve plus longue,
l’amplitude augmente et la fréquence diminue. A l’intérieur d’une même épreuve,
l’amplitude tend à diminuer et la fréquence à augmenter au fil de la course.
Le 50m est une course très explosive, où la
fréquence est très importante.
Du 100 au 1500m, la fréquence diminue.
5°)
De la série à la finale
Analyse sur une même nageuse : ENDERS.
Le meilleur temps est effectué en finale, mais avec
une amplitude légèrement inférieure aux séries et un nombre de coups de bras
supérieurs. La fréquence augmente de la série à la finale. Le stress semble
jouer un peu.
6°)
Classement des nages, vitesse, amplitude, fréquence au 200m
Les femmes ont une amplitude inférieure aux hommes
et une fréquence supérieure.
Il s’agit probablement d’une question de puissance
musculaire. Les femmes vont plus vite en dos qu’en papillon, alors que chez les
hommes, c’est l’inverse.
7°)
Remarques
L’indice de nage indique une certaine habileté à
nager.
Sur les nages alternatives, l’amplitude est
supérieure aux nages simultanées, mais la fréquence est inférieure.
6ème :
Grande hétérogénéité des temps et des amplitudes (du
simple au double)
Terminale :
Les temps augmentent toujours du 1er au 2ème
50m.
1’19 pour les meilleurs sur 100m NL
2’00 pour les moins bons.
Evolution :
La vitesse évolue de la 6ème à la terminale.
Les fréquences n’évoluent pas de manière
significative de la 6ème à la terminale.
L’amplitude augmente de la 6ème à la
Terminale, donc l’IN augmente aussi.
La mesure de l’amplitude peut être retenue comme
critère d’étude avec la vitesse : ce sont des indicateurs objectifs de la
performance.
Licence :
Garçons sur 100m NL
|
Temps |
Amplitude |
Fréquence |
Meilleurs Moins
bons |
1’07’’5 1’33’’5 |
2,65 1,9 |
35 34,2 |
Perspectives d’entraînement :
·
Pour une amplitude supérieure à 1,9 m/cycle
Répéter 8 X 50m en tenant compte du temps (80 % du
meilleur temps) en maintenant l’amplitude.
·
Pour une amplitude inférieure à 1,9 m/cycle
Améliorer l’amplitude sur 8 X 50m
D’abord s’axer sur l’amplitude, puis ensuite sur le
temps.
Mardi 5 janvier
2000
Quelle
est l’activité que le sujet déploie ? Quelle
APS pratique-t-il ? |
But : Nager de plus en plus vite, loin ou
longtemps. Le sujet s’engage dans une activité
de performance (chiffrable, mesurable) |
|||||||||||||||
Problème fondamental à résoudre : Pour obtenir une
performance maximale, le sujet
doit arriver à une gestion optimum
de ses ressources. |
||||||||||||||||
Enjeu de formation : ·
Connaître ses limites pour pouvoir mieux les gérer, les dépasser ·
Construire une locomotion
nouvelle qui permettre au sujet de pouvoir s’exprimer dans un milieu
fluide |
Les voies
fondamentales de progrès en natation
L’élève doit subir des transformations et mobiliser
ses ressources.
Quelles difficultés rencontre-t-il ?
Il faut donc cibler les ressources à mobiliser
suivant le portrait de la classe :
- propositions de situations
- démarches d’apprentissage
Contraintes du
milieu fluide et conséquences sur le déplacement du sujet engagé dans une
activité de performance
1ère
contrainte : Se profiler pour ne pas freiner
La glisse représente une manifestation de l’habileté à nager. Ce déplacement horizontal inhabituel est imposé par le milieu (eau) et les lois qui s’y rapportent.
Il faut diminuer les résistances.
R. CATTEAU : « Le nageur doit confondre
l’axe de déplacement avec l’axe du corps » pour que la résistance soit la
plus minime possible.
Surface du maitre-couple
Coefficient de forme
Différentes résistances :
Ø Résistance de frottement (viscosité)
Ø Résistance de forme. Selon MAGLISCHO, ‘elle dépend de la forme du nageur au cours de son
déplacement dans l’eau ».
Ø Résistance de vague : quand un corps se déplace dans un liquide, cela crée des
turbulences à l’avant et à l’arrière (vague frontale et vague de queue)
La tête joue un rôle capital
dans l’équilibre du nageur horizontal : c’est un instrument
d’équilibration chez le nageur.
De cette nécessité
d’horizontalité découle toute la problématique de la respiration aquatique ;
il s’agit de garder la tête le plus longtemps possible dans l’eau pour ne pas
freiner, mais la sortir malgré tout pour respirer.
2ème
contrainte : Sortir la tête pour respirer
La question de la respiration aquatique reste difficile à traiter.
La cause des problèmes respiratoires n’est pas toujours d’ordre respiratoire, mais informationnelle. Si les problèmes sont d'origine respiratoire, il faut apprendre aux élèves à respirer de façon aquatique. Sinon, leur apprendre à distinguer les moments où ils peuvent ou ne peuvent pas prendre l’air.
Souvent, les élèves ont besoin de s’essuyer les
yeux, pour être informés et rassurés sur leur environnement (phase sous-marine
en apnée totale).
Pour que la respiration aquatique soit la mieux adaptée au nageur, il faut répondre aux caractéristiques suivantes :
- rallongement du temps
d’expiration (souffler de façon active et forcée)
- raccourcissement du temps
d’inspiration
3ème
contrainte : Se créer des appuis avec les bras
La position horizontale du nageur donne aux bras un rôle locomoteur complètement nouveau. Ce sont les bras qui sont propulseurs et non les jambes.
Selon la loi
d’action/réaction de Newton : pour avancer, il faut pousser l’eau dans
le sens opposé.
Ce modèle de propulsion est dépassé et on est
aujourd’hui centré sur la notion de portance
et de traînée.
La portance
s’exerce toujours perpendiculairement à la traînée, qui est toujours opposée à
la direction du mouvement.
Portance
Traînée Direction du mouvement
Le théorème
de BERNOUILLI remplace la loi de NEWTON : il faut un mouvement sinueux
des bras et moins d’action/réaction. Les nages ont été décrites en termes de
balayages et godilles.
Analyse
des obstacles possibles aux progrès des élèves
Ø Réorganisations de type perceptif
Pour un nageur, la tête ne
joue plus le rôle de contrôle des déplacements du sujet ; en s’immergeant,
elle permet au nageur de s’équilibrer. Ce changement de rôles permet un
changement dans l’organisation motrice.
La fonction visuelle ne joue
plus un rôle prioritaire pour se déplacer : il faut donc faire passer
l’élève d’une motricité à contrôle extéroceptif à une motricité à contrôle
proprioceptif.
On retrouve ces besoins
d’informations dans toutes les prises d’air du nageur ou en plus des
inspirations va chercher à retrouver ses repères visuels, ce qui va
considérablement allonger le temps de prise d’air.
Ø Réorganisations de type respiratoire
La respiration doit devenir active et forcée.
L’aspect respiratoire peut-il faire obstacle à la
construction d’un sujet nageur ?
Ø Réorganisations de type locomoteur
Il faut apprendre à se déplacer avec les bras. L’utilisation
des bras comme moyen de locomotion et d’équilibration est une étape
fondamentale dans la construction du nageur.
Ø Réorganisations de type cognitif
Il faut agir sur les représentations que le sujet a du
milieu. Il faut transformer les modèles d’efficacité d’un nageur : une
performance s’obtient par économie dans
la gestualité.
Ø Réorganisations de type affectif
Laisser l’enfant investir
l’eau à sa manière et vaincre sa peur
Ø Réorganisations de type énergétique
Un sujet est devenu nageur s’il y a eu des
transformations de type respiratoire, perceptif, moteur, cognitif,
affectif…afin de pouvoir glisser horizontalement dans l’eau sans freiner,
assurer une continuité respiratoire sans perturber l’équilibre horizontal et
assurer une propulsion essentiellement par les bras.
Cela permet de définir des thèmes de travail. Il existe donc 2 voies royales pour l’enseignement :
- travail de l’horizontalité
- mettre l’accent sur
l’efficacité de la propulsion du train supérieur.
Caractéristiques
des elèves
La situation de
référence
En début de cycle, il faut mettre en place une situation de référence.
Fonctions
de la situation de référence
Ø Elle doit engager l’élève
dans une situation authentique de
performance (s’exprimer dans un mode ludique). Proposer une situation de
vitesse et une de durée.
Ø Elle doit permettre à
l’élève de repérer des stratégies
prometteuses (repérer les voies de progrès dans l’action). On se sert d’outils d’observation simples avec du
sens au cours de la situation de référence pour guider vers une émergence des
problèmes posés.
Cf.
indicateurs et vidéo
Ø Elle doit permettre à
l’élève de juger et suivre ses progrès tout au long du cycle.
Ø Elle permet de programmer au
mieux notre enseignement, pour faire mieux apparaître la cohérence entre le
projet de l’élève et le nôtre.
L’observation suppose :
- que l’enseignant dispose
d’indicateurs pour observer.
- que l’enseignant s’assure
que les indicateurs soient faciles à mettre en œuvre, exploitables et
significatifs pour l’élève et l’enseignant.
Indicateurs
simples permettant de déterminer le profil des élèves :
L’indicateur doit renvoyer à l’élève et à l’enseignant une manière de faire.
Exemple avec
des 5° (vidéo) :
1) Position du corps
2) Position de la tête
3) Comportements par rapport à
la prise d’air
4) Repères visuels
8/02/00
Les
conduites typiques
Une conduite typique représente plus que le comportement qui la décrit.
Une conduite typique est « une
réponse organisée et cohérente » de l’élève, à un moment donné de son
évolution, dans un système de contraintes déterminé.
Cette conduite optimalise ce que l’élève :
EST SAIT
Représentations
Connaissances Ressources
Savoirs
VEUT
Motivations, sens, désir
Le passage d’une conduite à une autre n’est possible pour l’élève que si l’enseignant agit sur ces 3 pôles :
- en donnant un sens nouveau à
l’activité du sujet
- en éprouvant les savoirs et
les connaissances initiales de l’élève
- en transformant les
ressources ou en obligeant l’élève à les mobiliser autrement.
La problématique de l’élève est de nager, regarder,
respirer.
|
Comportement observable |
Le corps |
Nombre de coups de bras |
Temps d’inspiration |
C1 Marcheur aquatique ou «gigoteur» |
L’élève nage avec la tête bloquée en hyper-extension. Regard horizontal. Jamais d’immersion de la
tête. |
Le corps est franchement
oblique. |
Le nombre de coups de bras
de l’élève est élevé : environ 70 à 90 sur 50m. |
Le temps total des prises
d’air est égal au temps du parcours. |
C2ANageur fou Ou Prometteur |
L’élève nage avec la tête
dans le prolongement du corps, mais comme il n’immerge pas celle-ci, il effectue
un mouvement de va-et-vient de droite à gauche en suivant le mouvement des
bras. |
Le corps est à plat car la
tête n’est plus en hyper-extension. |
La tendance est à une
amplitude faible et à un nombre de coups de bras élevé. |
Idem C1 |
C2B Exploseur |
L’élève nage
alternativement avec la tête dans l’eau et hors de l’eau. |
Le corps est à plat quand
la tête est dans l’eau. Il est oblique quand la
tête se redresse pour respirer. |
Le nombre de coups de bras
n’est pas significatif car les bras s’arrêtent de bouger quand la tête sort
de l’eau (perte totale de repères). |
Le temps de PA représente
une proportion importante du temps de parcours. Ex : 50m Parcours : 54’’ PA : 28’’ |
C3 Profilé |
Il y a alternance de tête
dans l’eau et de tête hors de l’eau. La sortie de la tête est non brève. Elle
dure parfois 2 à 3 secondes. Mais la sortie de la tête ne perturbe pas le
mouvement des bras. |
Le corps est globalement à
plat (oscillations latérales). Mais perturbation de l’équilibre lors de la
sortie de la tête. |
Le nombre de coups de bras
peut être correct. |
Le temps total de PA
devient faible. 2 à 10 secondes sur 50m. mais le nombre de prises
d’air varie. |
C4 Glisseur |
|
Le corps est à plat mais
oscillations latérales qui persistent. |
Le rapport amplitude /
fréquence se construit, se différencie en fonction du vite et du lent. |
8 à 10 PA / 50m. 5s à 6s PA sur 50m. Le
temps total des prises d’air est faible. |
Niveau |
Vitesse |
Durée |
||
Epreuve |
Indicateurs |
Epreuve |
Indicateurs |
|
6°-5° |
25m |
·
Temps ·
Nombre de CB |
10 mn |
·
Nages utilisées ·
Immersions ·
Nombre d’arrêts |
4°-3° |
50m crawl |
·
Temps ·
CB ·
Temps inspiration |
400m |
Idem |
Lycée |
50m ou 100m |
Nage à déterminer |
- |
|
Thèmes de
travail à aborder globalement en natation :
Ce
sont les voies de progrès pour les élèves.
1) Nage avec amplitude :
l’élève nage horizontalement en utilisant les bras comme instrument de
locomotion.
2) Nage avec tête dans
l’eau : construire la bascule de la tête pour organiser un déplacement
horizontal et ne pas perdre de temps en respirant.
Ex :
Changer de direction
But : traverser la piscine en changeant de
direction au niveau des repères immergés, retour en crawl.
CR1 : pas d’arrêts.
CR2 : prendre l’air vite (1 à 2 secondes) sur
chaque repère.
D
A
Analyse du 100m
Crawl du 11 octobre 1999
Nageuse :
Sylvie BEAUD
Analyse des ²temps de passage²
On observe que le deuxième 50m est beaucoup plus
long que le premier (plus de 8 secondes d’écart), cette différence est due au départ
plongé du 1er 50m, mais est accentuée également par la fatigue. Le
déséquilibre important (45,4 % / 54,6 %) entre les deux parties de course
montre bien que la fatigue semble entrer en jeu dans la deuxième moitié.
Les temps par 50m augmentent tout au long de la
course, avec plus de 4 secondes d’écart entre le 2ème et le 4ème
25m, ce qui indique que la nageuse a des difficultés à terminer sa course
correctement. La nageuse montre donc des limites évidentes dans sa résistance
lactique, à moins que son départ n’ait été trop rapide et qu’elle paie ensuite
ses efforts trop importants de début de course.
Cette constatation va avoir des influences sur sa
technique de nage au fil de la course.
Remarque : On ne peut utiliser le temps du 1er
25m (trop faussé par le départ plongé).
Analyse du nombre
de cycles (amplitude et fréquence)
On constate que le nombre de cycles augmente de
façon singulière entre le 1er et le 2ème 50m (de 22 à 30
cycles). Cela représente un important déséquilibre dans la répartition sur
l’ensemble de la course ( 45,4 % contre 54,6 % au 2ème 50m). Cela
correspond également à la vitesse par 50m : le 1er 50m est plus
rapide et l’amplitude est importante.
Cela s’explique par l’apparition de la fatigue qui
devient de plus en plus importante au fil de la course. La nageuse fatiguée en
fin de course a une technique de nage inférieure (les sur-faces propulsives sont moins
importantes et moins bien orientées, les appuis moins profonds…) Chaque cycle
de bras est donc moins efficace et cela fait diminuer l’amplitude.
Pour parcourir la même distance, la nageuse fatiguée a besoin de donner plus de coups de bras, puisque son amplitude diminue ; elle augmente alors sa fréquence de coups de bras.
C’est ce que l’on constate sur cette course :
l’amplitude moyenne est assez importante (presque 2m/cycle), mais elle diminue
fortement entre le 1er et le 2ème 50m, en même temps que
la vitesse de course. Dans le même temps, la fréquence augmente de façon assez
importante.
Cette réflexion sur la différence entre les moitiés
de course est malgré tout à nuancer, car on ne peut nier l’influence du départ
plongé sur le nombre de coups de bras sur le 1er 50m.
Analyse de la
respiration (nombre et durée des prises d’air)
La nageuse respire plus de fois
dans le 2ème 50m que dans le 1er 50m, cela montre
qu’elle a besoin de plus d’oxygène pour ses muscles, mais cette explication
n’est pas suffisante. En effet, Sylvie respire tous les 3 coups de bras donc le
nombre de prises d’air est lié directement au nombre de cycles. Le nombre de
cycle augmente donc le nombre de prises d’air augmente. On suppose donc que la
durée totale des prises d’air par 50m augmente également, même si cette donnée
n’a pas été relevée.
La durée des prises d’air représente 14,3 % de la durée totale de
course. La durée moyenne d’une prise
d’air est assez faible ( 0,39 seconde par prise
d’air).
Analyse du départ
et des virages (poussées et coulées)
Le départ semble bon, puisque la coulée est hydrodynamique. Mais tous les virages, bien que rapides et sans perte de temps, sont suivis d’une poussée faible et d’une coulée résistante (pas d’hydrodyna-misme, mauvais profil dans la coulée). Cela n’est pas dû à la fatigue, mais à une mauvaise technique, puisque tous les virages se déroulent de cette façon, et pas seulement ceux de la fin de course.
Analyse du 6 * 50m
Crawl
Nageuse :
Sylvie BEAUD
Analyse de la
progression (temps et cycles) au fil des séances
La première constatation que l’on peut faire est que
Sylvie n’a cessé de progresser tout au long des séances, que ce soit au niveau
du temps réalisé, ou au niveau du nombre de cycles effectués.
Le tableau suivant, qui récapitule les temps moyens et le nombre moyen
de cycles de bras d’un 50m pour chaque séance, met en évidence cette
progression.
|
Temps moyen d’un 50m |
Fréquence moyenne d’un 50m |
Nombre moyen de cycles
d’un 50m |
1ère séance |
51,4 s |
28,26 cy / min |
24,2 cycles |
2ème séance |
50,8 s |
26,3 cy / min |
22,3 cycles |
3ème séance |
47,8 s |
27,8 cy / min |
22,2 cycles |
4ème séance |
47,3 s |
27,26 cy / min |
21,5 cycles |
On remarque une progression de 4,1 secondes sur le
temps réalisé et 2,7 cycles de mieux entre la 1ère et la 4ème
séance. Cela représente environ 8 % du temps total de la course et 11 % du
nombre de cycles sur la course, ce qui est une progression importante.
Avec la diminution du nombre de cycles au fil des
séances, c’est également l’amplitude moyenne qui ne cesse d’augmenter. Elle
était déjà assez importante au départ (plus de 2m/ cycle) ; elle atteint à
la fin des séances de travail 2,38 m/cycle à son maximum, ce qui est très
important pour une nageuse d’un niveau « débrouillé ».
La fréquence, par contre, ne connaît pas d’évolution
significative ; elle a tendance à diminuer en même temps que l’amplitude
augmente. Mais la vitesse de course étant le produit de la fréquence et de
l’amplitude, comme la vitesse augmente au fil des séances, cela veut dire que
la fréquence diminue moins que l’amplitude n’augmente.
Analyse de la
régularité à l’intérieur des séances
Lors de la 1ère séance, Sylvie réalise un
nombre de cycles assez constant (25 ou 25), mais son temps augmente à chaque 50m,
sauf dans le dernier où il redescend. La fatigue et l’acide lactique
s’accumulent à chaque 50m, ce qui explique l’augmentation du temps, même si le
dernier 50m est plus rapide.
Lors de la 2ème séance, ce sont la
vitesse et l’amplitude qui sont affectés par la fatigue et l’acide lactique
accumulés. Le dernier 50m est le moins bon au niveau du temps et des cycles.
Pour la 3ème séance, tout en conservant
une bonne amplitude (sensiblement égale à la semaine précédente), Sylvie a
réussi à faire tous ses 50m en moins de 50 secondes et sans un gros écart au
niveau du temps entre les 50m. Cela montre une régularité dans l’effort.
Dans la 4ème et dernière séance, on
observe que la nageuse résiste mieux en lactique, car il y a moins de
différence dans les temps et les cycles entre les différents 50m, ceci tout en
réalisant de bonnes performances (entre 46 et 48 secondes ; entre 21 et 22
cycles).
Analyse du 100m
Crawl du 14 décembre 1999
Nageuse :
Sylvie BEAUD
Avant de comparer les deux courses de 100m nage libre, nous allons analyser le deuxième 100m du 14 décembre.
Analyse des ² temps de
passage²
On note un important déséquilibre entre les 2
moitiés de course et une augmentation régulière des temps par 25m, avec un
important écart entre le 1er 25m et le 2ème
, mais cela est dû essentiellement au départ plongé. Néanmoins, on
remarque qu’il y a une faible différence entre les 2ème, 3ème
et 4ème 25m, ce qui montre que le travail sur les 6*50m a porté ses
fruits.
Analyse du nombre
de cycles (amplitude et fréquence)
On note un déséquilibre entre les deux 50m, au
niveau de la répartition du nombre de cycles, mais ce déséquilibre est assez
faible, d’autant plus que le départ plongé fait diminuer le nombre de cycles du
1er 50m. En effet, si on enlevait le départ plongé, on pourrait
penser que le nombre de cycles serait sensiblement le même entre chaque 50m.
Le travail sur l’amplitude tout au long des séances
à travers les 6*50m a donc été efficace, puisque l’amplitude reste très
importante.
Enfin, on peut noter que la répartition des temps et
du nombre de cycles par 50m est strictement identique, ce qui montre que la
nageuse est régulière dans son effort.
La fréquence est également quasiment identique entre
les 50m, ce qui montre que la nageuse n’a pas eu besoin de donner plus de coups
de bras pour terminer sa course. En effet, la fréquence stagne et l’amplitude
diminue à cause de la fatigue donc la vitesse globale de course diminue.
Analyse de la
respiration (nombre et durée des prises d’air)
La faible durée totale des prises d’air (10,7 %
seulement du temps total de course) montre un certain degré d’expertise chez la
nageuse. En effet, en opposition aux caractéristiques du débutant, le temps
inspiratoire est très bref, et donc la phase expiratoire est allongée.
On remarque que le nombre de prises d’air augmente
dans le 2ème 50m, proportionnellement au nombre de cycles, puisque
la répartition entre les 2 moitiés de course est identique entre le nombre de
cycles et le nombre de prises d’air. Cela confirme bien que le nombre de prises
d’air est directement lié au nombre de cycles ( une
inspiration tous les 3 temps).
Le nombre d’inspirations sur le parcours paraît donc
optimal par rapport au nombre de cycles, puisqu’il paraît, d’une part, apporter
suffisamment d’oxygène pour alimenter les muscles mis en jeu dans l’action et
d’autre part, déséquilibrer le moins possible le corps.
Analyse du départ
et des virages (poussées et coulées)
Il n’y a pas de perte de temps aux virages, mais ceux-ci pourraient être améliorés puisque la coulée est résistante à chaque fois et la poussée faible.
Il n’y a qu’au départ que la coulée est
hydrodynamique ; il faudrait donc que la nageuse adopte le même profil
dans les coulées des virages que dans la coulée du départ plongé.
Comparaison entre
les 100m Crawl
du 11 octobre et du 14 décembre
Après un travail hebdomadaire pendant 2 mois, le
temps de Sylvie a diminué de plus de 12 secondes sur 100m. Quelles en sont les
explications ? Dans quels domaines Sylvie a-t-elle progressé ? Nous
allons tenter de répondre à partir des données relevées lors des 2 courses.
Analyse des ² temps de
passage²
Le temps global réalisé sur la course est meilleur de
12s81. Les temps par 25m ont tous été améliorés de plusieurs secondes.
Les temps par 50m ont donc également été
améliorés ; en effet, le temps du 2ème 50m en décembre
correspond presque au temps du 1er 50m en octobre, ce qui montre une
importante progression.
Dans les 2 courses, le 1er 25m est le
plus rapide (cela est dû au départ plongé), puis elle va de moins en moins vite
jusqu’au dernier 25m qui est le plus long.
La répartition de l’effort par 50m est sensiblement
la même entre les 2 courses. Mais le déséquilibre est moins important entre les
2ème, 3ème et 4ème 25m.
Par contre, la nageuse est plus régulière sur la 2ème
course, car il y a moins d’écart entre les 50m et entre les différents 25m.
La répartition de l’effort montre que les meilleurs
nageurs répartissent mieux leur effort sur la course, alors qu’il existe une
grosse différence entre les 2 moitiés de course pour les moins bons temps. En
règle générale, plus le temps est mauvais, moins bonne est la répartition sur
les 2 moitiés de course.
Analyse du nombre
de cycles (amplitude et fréquence)
On observe que le nombre de cycles (et donc
l’amplitude) est identique sur le 1er 50m entre les 2 courses ; par
contre, sur le 2ème 50m, l’amplitude est plus grande lors du 100m de
décembre (26 cycles au lieu de 30), ce qui montre une meilleure résistance à la
fatigue et une plus grande efficacité dans les actions propulsives.
En ce qui concerne la fréquence, dans le 1er
100m, la fréquence augmente entre le 1er et le 2ème 50m. la fréquence du 1er 50m est très peu élevée.
Pour le 2ème 100m, la fréquence est
régulière tout au long de la course (elle diminue même légèrement à la fin). La
fréquence est moyennement importante.
Il apparaît donc que sur les meilleurs nageurs, la
fatigue influence moins leur technique de nage que pour les autres nageurs et
que la répartition du nombre de coups de bras entre les 2 moitiés de course est
une condition nécessaire pour un bon « chrono ».
Les meilleurs nageurs n’ont pas une grande
différence d’amplitude entre leurs 2 moitiés de course. On en déduit que la
fatigue influence fortement la technique des nageurs plus faibles.
Il ne faut cependant pas oublier que le départ
« fausse un peu » cette donnée, car le nageur parcourt les premiers
mètres sans effectuer un seul cycle de bras.
Analyse de la
respiration (durée et nombre de prises d’air)
Le nombre de prises d’air entre les deux 100m est
sensiblement égal (35 contre 36 au premier 100m) ; mais elles sont mieux
équilibrées entre les deux 50m (16/19 contre 15/21). Ce résultat est dû au
meilleur équilibre des cycles sur les 2 parties de course puisque les prises
d’air interviennent régulièrement tous les 3 coups de bras (ce qui correspond à
un cycle et demi).
Par contre, la durée totale des prises d’air a
diminué et comme le nombre de prises d’air est resté quasiment identique, la
durée moyenne d’une prise d’air a également diminué ( de
0,39s à 0,26s).
Le temps de la phase inspiratoire a donc diminué.
Comme la sortie de la tête provoque une résistance à l’avancement de la
nageuse, la diminution du temps d’inspiration entraîne une diminution de cette
résistance et donc améliore le temps de course.
La durée des prises d’air diminue de plus de 4
secondes, elle a eu moins de besoins d’apport d’oxygène : elle a donc une
meilleure forme, ou une meilleure préparation physique cette fois-ci. De plus,
le nombre de prises d’air diminue de une prise d’air.
Analyse du départ
et des virages (poussées et coulées)
C’est dans ce seul domaine que Sylvie n’a pas progressé. En effet, les coulées des virages sont toujours résistantes et les poussées sont faibles.
Le départ, par contre, est toujours fait avec une
coulée hydrodynamique.
Conclusion et perspectives
Nous pouvons dire, dans un
premier temps, que le travail en amplitude sur les 6*50m a été bénéfique
puisque la nageuse a augmenté son amplitude moyenne de 16 cm. Cela représente
une économie de 4 cycles sur l’ensemble de la course.
Pour conserver, voire
continuer à améliorer encore l’amplitude, il serait peut-être intéressant
d’imposer à la nageuse dans tous les exercices en crawl (que ce soit en travail
lactique ou aérobie) une amplitude minimale de 2m/cycle, soit 25 cycles par 50m.
Dans la mesure où les seuls
points où Sylvie n’a pas progressé sont le virage et la coulée, il paraît
essentiel d’axer l’entraînement sur ces points, tout en conservant la technique
du virage classique.
Pour la coulée du virage, il
s’agit pour la nageuse d’adopter un profil plus hydrodynamique et de le
conserver plus longtemps pour une meilleure efficacité, avant la reprise de
nage. Dans ce but, nous pourrions proposer à chaque séance une séquence où le
nageur devra effectuer une longue distance en crawl (ex : 400m), dans
laquelle le but sera d’optimiser la coulée, à la suite d’un virage efficace.
Ainsi, à chaque approche de
mur, le nageur doit augmenter sa vitesse de course pour réaliser son virage et
effectuer une coulée au-delà d’une balise préalablement placée au bord du
bassin. Il sera possible de faire varier la distance entre la balise et le mur
en fonction des objectifs à atteindre et des capacités de la nageuse.
Afin d’améliorer encore
l’efficacité du virage, nous nous sommes demandés s’il ne serait pas
intéressant de mettre en place des situations visant à l’apprentissage du
virage culbute crawl. En effet, dans la mesure où le contact avec les pieds est
rendu indispensable pour réaliser la poussée, le contact avec les mains,
coûteux en temps, est supprimé dans le virage culbute.
Mais ce type de virage est
peut-être difficilement abordable pour une nageuse d’un niveau moyen car il
nécessite un long temps d’apprentissage et une grosse dépense d’énergie dans sa
réalisation.
Lors d’un virage culbute, le
fait de rester aussi longtemps sans apport d’oxygène n’augmenterait-il pas de
façon trop conséquente la fatigue pour la suite de la course ? Serait-il
alors réellement intéressant de travailler cette technique ?
Source : Ufraps.net