1.
Pourquoi observer ?
Pour adapter son enseignement aux problèmes
rencontrés par les élèves. On observe aussi pour juger, pour noter.
2.
En fonction de quoi
observer ?
·
On peut observer en fonction d’un modèle technique (image du haut
niveau), mais le modèle du haut niveau est-il transposable à l’élève, à
l’enfant… ?
·
En fonction d’une analyse de l’activité et du type de problèmes que l’on
suppose qu'elle peut poser à un individu engagé dans l’action( = mettre
en rapport la natation et le fonctionnement de l’individu terrestre). Quels
problèmes peut bien poser l’eau à un sujet qui fonctionne avec un référentiel
de terrien ?
·
En fonction du public et de ses caractéristiques; on va s’interroger sur la
morphologie des gens, leurs rapports affectifs avec l’eau, leur organisation
motrice, afin de délimiter les problèmes et de rechercher des solutions
adaptées à chaque sujet.
·
En fonction des objectifs que l’on se donne ; l’observation est
toujours liée à ce que l’on cherche à obtenir. Continuellement, en fonction de
ce que l’on va proposer, nous aurons des observations différentes.
3.
Comment observer ?
§
De façon globale, à partir de repères généraux. On va essayer de
retrouver ce que l’on appelle des conduites typiques qui seront significatives
de grands problèmes à résoudre et qui correspondent à une intention guidant le
sujet (ex : le nageur qui nage à l’oblique la tête hors de l’eau à toute
vitesse avec les bras). Ce qui l’organise, c’est l’intention de s’en sortir (de
l’eau).
§
De manière analytique ; très précise, on va comparer point par
point différentes manières de réaliser.
§
De manière centrée ; c’est-à-dire que l’on va essayer d’observer
1 ou 2 éléments qui nous paraissent significatifs d’un problème particulier,
et on va le faire en mettant en place une tâche adaptée.
4.
Quand observer ?
Observation structurée au départ de façon régulière, puis dans le cycle à l’aide d’une situation de référence. Observation tout au long du travail de manière à réguler ce qu’on propose.
5.
Quoi observer ?
ü La réalisation motrice (comment il fait pour faire ?) : On va
utiliser 2 types d’indicateurs :
1. Indicateurs d’efficacité qui sont des critères objectifs considérés
comme significatifs d’une habileté particulière (temps, cycles, régularité,
amplitude...).
2. Indicateurs comportementaux ou de réalisation (portent sur la manière
dont le corps est organisé = Technique de nage).
ü Le domaine de la relation
affective à l’eau qui peut nous permettre de comprendre tout ce qui va être
blocage et non-réalisation de la part de l’individu
(immersion, agitation).
ü Le domaine de la prise et
du traitement de l’information : quelles informations il prend et
comment elles vont être utilisées… ?
ü Domaine de la
connaissance de la natation
ü Domaine de la gestion de
ses ressources
ü Domaine du comment
l’individu apprend
Natation Théorie
Il s’agit de
préciser ce qu’il y a à faire pour devenir nageur.
L’observation est fonction du projet que l’on veut développer,
et du projet que l’on a pour l’élève. Donc nous observons et nous construisons
l’apprentissage en fonction de la conception que l’on a de l’éducation.
A travers cela, nous avons aussi une conception de la natation. Cette
conception n’est pas neutre.
Qu’est-ce que la natation permet d’acquérir,
qu’est-ce qu’elle permet de devenir en tant qu’être humain… ?
Nous allons nous donner à partir de là une
définition du savoir nager qui va préciser ce que l’on va faire apprendre à
l’élève. Les textes officiels donnent une définition du savoir nager, mais
laissent encore une grande marge de manœuvre.
La Natation : Pourquoi, quelle natation… ?
Conception de la natation : Qu’y
a-t-il à gagner, à faire cette natation ?
Pouvoirs développés grâce à |
Valeurs recherchées à travers |
Définition du
savoir nager Définition du sujet acteur de sa pratique et de sa
vie. Choix de méthodes pédagogiques et de démarches éducatives
PROBLEMES A RESOUDRE
(problèmes fondamentaux) |
COMPETENCES A DEVELOPPER
ET A MAITRISER |
SAVOIRS A
S’APPROPRIER
A partir de là, nous pouvons distinguer 3 grandes conceptions de la natation :
I La Natation Sportive
La natation est
une activité de déplacement dans un milieu aquatique sans l’aide d’aucun
matériel consistant à aller le plus vite possible d’un point à un autre dans un
souci de performance en respectant la réglementation imposée par la FINA.
II Les Activités de Natation
Ce sont des activités qui se déroulent dans un milieu aquatique avec ou sans matériel dans un but de performance, d’expression, d’exploration, de loisirs, ou tout simplement pour se sauver.
III R. CATEAU – GAROFF
C’est l’ensemble des activités entre l’homme et l’eau s’exprimant par une performance sans utilisation d’engin ou d’accessoires, évaluées par des critères d’espace, de temps, de score ou d’esthétique.
Toutes ces conceptions vont proposer les mêmes types
de problèmes (respiration, équilibration, propulsion, prise d’information). Par
contre, nous allons avoir des approches différentes avec des priorités
différentes. Il y a trois types d’approches :
1. Une approche par la brasse, comme étant une pratique
plus sécuritaire,
permettant d’aborder et d’explorer le milieu aquatique.
2. Une approche par le crawl comme étant la pratique la
plus naturelle
et surtout la plus efficace pour aller vite et loin.
3. Une approche transversale pour l’acquisition de différents
éléments techniques, de différents fondamentaux tirés des 4 nages
mais aussi des autres formes de pratique, permettant à partir d’un certain
niveau sécuritaire, d’appréhender toutes les activités de natation.
Ière partie : Les
différentes manières d’aborder la natation
1.
Les options existantes
Ø L’option culturaliste (UFRAPS Lyon)
On part de l’activité sportive sociale de référence, et on cherche à définir ce qu’il faut s’approprier pour maîtriser la pratique considérée (enjeux de formation et problèmes fondamentaux).
Ø L’option développementaliste (école Nantaise)
Elle part de
l’idée d’un élève ou de ce qu’est l’être humain, et nous allons construire
la natation en fonction de cela. Que faut-il faire apprendre pour amener
l’individu à acquérir des pouvoirs les plus larges possibles ? on part des fondamentaux de la motricité et on regarde ce
que les activités de natation permettent d’acquérir.
Ø L’option du projet de l’élève
Il s’agit d’aider
l’élève à faire émerger son projet personnel, ce qui suppose de le mettre en projet
(projet de réalisation, projet d’action) au regard de sa motivation, de ses
capacités…
Ø L’option intermédiaire
L’objectif ultime de cette option, c’est bien le projet de
l’élève et sa capacité à donner un projet de vie, un projet de gestion de sa
vie physique, projet de loisirs, projet de pratique, projet de réalisation,
projet d’action, un projet d’apprentissage. mais cela
passe par un développement de pouvoir réaliser, de pouvoir apprendre (cela
suppose l’optique développementaliste), avec une réflexion sur les fondamentaux
à apprendre par la résolution de problèmes. Pour cela nous avons à
notre disposition des outils qui peuvent être les pratiques culturelles, mais
aussi d’autres formes de pratiques à inventer. C’est donc une approche
transversale à partir des problèmes communs aux différentes activités de
natation, dont la résolution permet de s’approprier des savoirs donc d’acquérir
des pouvoirs.
2.
Quelques définitions du savoir nager
Raymond
CATTEAU :
« Savoir
nager, c’est avoir résolu dans chaque éventualité qualitativement et
quantitativement le triple problème posé en permanence : du meilleur
équilibre, de la meilleure respiration, de la meilleure propulsion ».
DUBOIS et
ROBIN
se basent par rapport au modèle de la natation
sportive.
PELAYO et
MAILLARD :
(Enseigner les APS, activités physiques scolaires du collège au lycée, VIGOT,
1987) : « Nager, c’est d’abord évoluer dans le milieu aquatique
appréhendé dans son volume sans utiliser d’équipements particuliers et sans
avoir possibilité immédiate de reprise d’appuis solides. Ne pourra être déclaré
nageur celui ou celle qui ne se déplace qu’en surface, qu’en petite profondeur
ou le long du bord équipé de masque et tuba et ou de palmes. » (=capacité de se sauver).
Didier
CHOLLET : « Savoir nager, c’est
à partir d’un déséquilibre volontaire, réaliser de manière autonome une suite
de mobilisations segmentaires visant à déplacer le corps dans l’élément
aquatique avec la capacité de terminer ce déplacement d’équilibre
établi. » Pour lui, savoir nager, c’est savoir s’équilibrer.
Nathalie GAL : (Un outil d’assistance pour le sport : la natation, revue EPS, 1993)« Savoir nager, c’est pouvoir créer différentes formes de déséquilibre et gérer leur enchaînement pour propulser son corps à moindre coût : longtemps ou loin sans se fatiguer, en crawl de préférence, le plus vite possible sur des distances variées, différemment en adaptant des modes de déplacements variés et en utilisant divers espaces moteurs (au-dessus, à la surface, sous et au fond de l’eau).
VANPOULLE ‘s définition : « Savoir nager, c’est être capable de s’organiser, en particulier d’organiser son équilibre, sa respiration, sa propulsion, sa prise d’information, de maîtriser son affectivité pour produire des déplacements efficaces et efficients dans toutes les dimensions de l’espace, dans différents milieux aquatiques au regard des différentes formes de pratiques existantes et à venir, et de leurs contraintes spécifiques.
IIème
partie : Les axes d’évolution et de progrès
CATEAU –
GAROFF : Il faut d’abord construire ce
qu’il appelle un répertoire moteur aquatique avant de passer à la technique.
Donc il va proposer des évolutions sur les 3 pôles (équilibre, respiration,
propulsion). (par exemple, il part d’un équilibre
vertical avec des déplacements en marchant au fond de la piscine), vers des
déplacements en équilibre allongé.
Nathalie
GAL :
De la découverte de différents équilibres à l’équilibre du nageur de
compétition. De la propulsion depuis un
appui solide à celle du nageur de compétition avec apprentissage privilégié de
la brasse pour le sauvetage. De la respiration bloquée en apnée à la
respiration adaptée au projet de déplacement. D’une information confuse et
inutilisable à une prise d’information finalisée et proprioceptive.
J.L.UBALDI
(Spirales) : Le
problème fondamental de la natation est dé gérer contradictoirement une propulsion
efficace et efficiente avec une respiration adaptée. Deux axes de
progrès : la recherche d’un profilage optimum
(il s’agit de construire la tête comme instrument d’équilibration), c’est la
recherche d’un équilibre optimal qui est l’enjeu de la recherche de performance. L’adaptation respiratoire est une
conséquence incontournable de ce profilage : la recherche d’une propulsion
efficace et efficiente. Il s’agit de construire les bras comme
instrument de propulsion, dans cette perspective, la problématique
amplitude / fréquence est une voie prometteuse.
ADAPTATION Construction
de réponses
multiples et variées
(répertoire
moteur
aquatique)
Augmentation qualitative
et quantitative
des réponses
Renforcement des réponses
adaptées aux différents types
d’activités de natation
Vers une maîtrise supérieure Possibilités de choix
au milieu
aquatique (jamais
définitive)
Les niveaux en natation
I Comment se construisent les niveaux ?
La
notion de niveau a pour fonction de repérer
les savoirs – faire acquis par l’élève, cette notion sert à repérer ce qu’il
y a à lui faire apprendre, c’est-à-dire les problèmes qu’ils rencontrent.
La performance ne suffit pas.
Dans un niveau d’habileté, on repère des
comportements observables qui se manifestent par des compétences c’est-à-dire
que l’individu est capable de faire un certain nombre de choses dans certaines
situations, ainsi que des connaissances. Car il est nécessaire d’avoir des
connaissances pour mettre en œuvre des compétences.
Pour repérer les niveaux, nous allons utiliser les
notions de compétences (il est capable de …). Nous allons utiliser des
indicateurs d’efficacité, ce sera des indicateurs quantitatifs, significatifs
de l’efficacité du nageur et correspondant aux critères de réussite. Mais aussi
des indicateurs de réalisation qui correspondent à des observables sur la
manière de faire (ex : la position du corps et la forme des trajets…).
Pour cela, on pourra utiliser une tâche repère.
Les niveaux de
natation vont se repérer par rapport au problèmes de
l’élève.
II Comment repérer les niveaux en
natation ?
On peut
utiliser ce que l’on appelle des conduites typiques, c’est-à-dire significatives d’un niveau
et d’une intention.
Ces conduites typiques permettent de repérer
globalement où en est le nageur.
Les tâches repères, etc… permettent de spécifier
chaque problème rencontré par le sujet.
Un élève, un nageur ne sera pas forcément au même
niveau dans toutes les dimensions de l’activité.
Ne pas confondre les niveaux en natation avec les
étapes de progrès.
Natation
Théorie
Le
31 / 01 / 2000
L’apprentissage en natation
I Définitions de l’apprentissage
1.
Quelques préalables
Education et apprentissage
Le choix des méthodes
d’apprentissages, de la manière dont nous voulons faire apprendre dépend des
finalités éducatives.
Suivant les pouvoirs que l’on veut que l’élève
développe, on n’utilisera pas les mêmes méthodes.
L’enfant ne peut pas être
découpé et il est nécessaire de prendre en compte sa totalité (ce qu’il
sait faire, ressent, comment il apprend, ses rapports à l’eau, à l’enseignant,
à l’école…).
Il existe plusieurs approches
théoriques de l’apprentissage, mais il y en a aucune
qui soit universelle. Nous devons choisir celle à laquelle nous croyons.
2.
L’apprentissage moteur
Il peut être défini comme un processus interne qui permet à un sujet de modifier son comportement au cours de la confrontation avec une tâche pour laquelle il n’a pas de réponse adaptée.
Il possède 5 caractéristiques :
Ø L’apprentissage est un processus d’acquisition d’une capacité à
produire des actions efficaces. Il consiste en une série de processus,
d’actions internes support du changement dans la performance.
Ø L’apprentissage n’est pas directement observable, il doit être inféré à
partir des résultats comportementaux observés.
Ø L’apprentissage est le résultat de la pratique ou de l’expérience du
sujet et non uniquement de son développement.
Ø L’apprentissage est relativement stable et permanent dans le temps.
Ø L’apprentissage implique des opérations cognitives complexes.
Plusieurs
conditions sont à respecter pour que ce processus puisse se dérouler
(FAMOSE) :
v La confrontation à un
problème moteur. C’est en résolutionnant un problème moteur dans la
confrontation à une tâche que l’individu organise une configuration
particulière de mouvement pendant l’action. C’est donc le couplage entre les conditions
externes liées à la nature de la tâche et les conditions internes particulières
au sujet qui déterminent les apprentissages.
v La notion de décalage optimal. C’est l’écart entre les potentialités actuelles du sujet et
le niveau d’exigence de la tâche qui crée le problème moteur.
v La nécessité d’une quantité
de répétitions. La répétition de l’acte
moteur est une condition indispensable de transformation, et la condition
du passage d’une activité contrôlée à une activité automatique.
III les différentes conceptions de
l’apprentissage
1.
Conception méta – cognitive
Si l’élève est capable d’analyser et de comprendre comment il s’y prend pour résoudre un problème, il va être capable d’apprendre à apprendre.
Il
apprendrait des manières de résoudre les problèmes qu’il pourrait réutiliser
dans de nouvelle situations. L’analyse de sa propre
démarche d’apprentissage est indispensable.
Limites : Nous sommes sur du savoir-faire
et pas seulement sur du cognitif. Il ne suffit pas de connaître les moyens de
résoudre un problème, encore faut-il développer des habiletés motrices.
2.
Conception cognitive et
écologique de l’apprentissage moteur
Deux grandes approches conceptuelles du contrôle moteur et de l’apprentissage moteur. Ces 2 approches se différencient surtout par la place et le rôle qu’elles accordent aux structures mentales dans la production et le contrôle des activités motrices.
Dans l’approche cognitive (SCHMIDT), les auteurs postulent que les relations entre la perception et l’action sont médiées par des structures dites prescriptives, élaborées ou stockées au niveau central.
Le sujet
manipule des informations de sources variées, stocke et utilise des connaissances.
Il se constitue ainsi une mémoire permettant de paramètrer l’action pour une
catégorie de tâche semblable et une mémoire perceptive permettant de spécifier
les informations correspondant à ses actions.
Des processus de traitement
de l’information conduirait à la sélection d’un plan d’action sous la forme du
programme moteur généralisé (PMG), conduirait à la spécification des paramètres
du PMG afin d’adapter le mouvement aux exigences de la tâche (schéma de rappel
selon SCHMIDT), conduirait à la correction des erreurs grâce au traitement des
informations sensorielles attendues (schéma de reconnaissance).
Apprendre suppose à la fois
la construction de schémas de rappel
et de reconnaissance, apprendre suppose la capacité à reconnaître des classes de tâches proches
correspondant à un même PMG, suppose la construction des règles de paramétrages des PMG en faisant varier
les conditions de réalisation pour une classe de tâche, suppose la construction d’un répertoire de
perception attaché à des à des réalisations particulières et proches.
Cela renvoie aux théories
prescriptives de l’apprentissage dans lesquelles l’apprentissage sera favorisé
par transmission de connaissances (modèle transmissif), par imitation, par
aménagement des problèmes moteurs ou par manipulation des informations avant,
pendant et après la réalisation motrice.
Dans un modèle écologique,
le recours aux structures mentales prescriptives ne serait pas nécessaire, le
système moteur présenterait toutes les caractéristiques d’auto-organisation lui
permettant de s’organiser sans passer par l’utilisation d’un programme commandé
centralement.
On va parler de couplage
perception action.
Le sujet perçoit
l’environnement en terme d’actions possibles (les affordances) qui sont
spécifiques au sujet qui agit et qui intègre les propriétés morpho-énergétiques
de l’environnement.
Cela correspond aux théories
dynamiques de l’apprentissage pour lesquelles les actions de coordinations
auraient de plus ou moins grandes concordances entre elles et nécessiteraient
pour être acquises soit de renforcer l’existant, soit de le subjuguer pour
dépasser la non-attirance entre 2 actions pour en construire une totalement
inédite.
Source : Ufraps.net